Une conclusion de roman satisfaisante peut prendre une multitude de formes selon le sous-genre littéraire et la sensation que l’on désire provoquer chez le lecteur. Vous l’aurez compris, il n’y a pas de recette magique pour écrire la conclusion d’un roman ; que des ingrédients nécessaires. Afin de vous aiguiller et de vous aider à mieux penser la rédaction de la fin de votre roman, Le pigeon décoiffé s’est penché sur la question en compagnie d’Isabelle Dion, libraire chez Hannenorak et de Billy Robinson, coordonnateur à l’édition au Groupe Ville-Marie Littérature et animateur télé.
Se préparer à écrire la conclusion d’un roman
Bien que certains écrivains et écrivaines prêchent pour une écriture sans planification, « menée par les personnages », il y a fort à parier que ces auteurs ont tout de même une petite idée de la conclusion de l’histoire à venir. Il est en effet nécessaire d’orienter l’écriture afin de ne pas se retrouver devant une multitude de possibilités de fins sans trop savoir quoi en faire, ce qui risque de décevoir le lectorat. C’est pourquoi l’écriture de roman demande une certaine préparation et une flexibilité, puisqu’il est bien vrai qu’en cours de route, une idée de fin plus adéquate puisse surgir. Certains auteurs, pour contrer le désir d’arriver rapidement à la fin, la rédigent tout simplement… en premier !
Terminer l’arc narratif du roman
L’aspect primordial de la situation finale d’un roman est que celle-ci doit clore les arcs narratifs ouverts tout au long de l’histoire, et ce, même si une suite ou plusieurs tomes sont à venir. À la toute fin, les personnages devraient se retrouver dans une situation vraisemblable, logique et cohérente, que ce soit pour mieux relancer l’aventure dans un autre livre ou comme dénouement ultime.
Les interrogations soulevées en début de récit devraient pour la très grande majorité être répondues, même si ce n’est qu’en apparence. Ces dernières pourraient sans doute servir de tremplin pour la suite du récit ou pour créer une éclatante surprise à la toute fin.
Pour Billy Robinson, la fin d’un roman ne s’avère pas nécessairement le meilleur passage du livre. Il déclare qu’il doit avoir envie de se rendre à la conclusion, plusieurs éléments doivent déjà être en marche pour lui donner l’élan de poursuivre sa lecture : « La fin ne devrait pas être l’appât qui nous force à poursuivre le livre, surtout si on a de la difficulté à avancer dans la lecture du roman. » Même si on lui promet une fin magistrale, il doit avoir envie de s’y rendre.
Il conçoit cependant que selon les genres littéraires, un code doit être suivi afin de ne pas transgresser les attentes du lecteur envers le genre. Le meurtrier devrait logiquement être arrêté à la fin d’un roman policier, et les lectrices s’attendent à un dénouement heureux à la fin d’une romance. C’est ce qu’on appelle l’horizon d’attente du lecteur. Une fin réussie ne devrait pas obligatoirement surprendre, à moins que les codes du genre ne l’impliquent et que les indices semés depuis le début de l’histoire soient suffisamment présents pour la justifier.
Écrire une fin de roman ouverte
Certains lecteurs et certaines lectrices de romans peuvent tout à fait vivre avec la fin ouverte d’un roman, c’est-à-dire une conclusion où les personnages sont laissés en flottement, mais où la situation initiale est tout de même résolue, où la quête principale est terminée. L’important ici semble plutôt d’offrir un apaisement, une sensation très particulière et satisfaisante au lecteur sans pourtant donner une explication claire, mais plutôt en l’évoquant simplement.
Isabelle Dion parle d’un « équilibre entre l’échec et l’espoir », en prenant comme exemple la fin du roman Normal people de Sally Rooney, phrase qui traduit merveilleusement bien le sentiment de lire une conclusion ouverte. Selon elle, « une fin ouverte, ce n’est pas nécessairement que certaines questions soient laissées en suspens, c’est plutôt qu’à la fin, tu as tous les éléments en main pour construire toi-même le dénouement. » Bien entendu, le tout doit rester logique et vraisemblable.
Le contraire serait un dénouement avec épilogue, qui raconterait avec un certain recul ce qui s’est passé dans la vie des personnages à la suite de l’aventure qu’ils viennent de vivre. Les révélations finales devraient cependant précéder cette section.
Éviter une fin de roman précipitée
Une fin d’histoire précipitée peut se concevoir de deux manières. Après de longues aventures, vous avez enfin atteint le bout (et le but !) de votre récit, et l’envie est forte de conclure rapidement celui-ci. En deux paragraphes, le meurtrier est arrêté, les amoureux réconciliés ou la quête terminée. Billy Robinson fait remarquer qu’il ne faut surtout pas hésiter à retravailler ce passage avec la même attention que le reste du roman pour s’assurer que toutes les trames narratives sont bien achevées.
Une autre manière de vouloir trop promptement boucler la boucle serait de faire advenir un événement miraculeux (ce qu’on appelle le « Deus ex machina ») à la toute fin pour conclure rapidement la chose. Or, il est bien rare que ces aboutissements ravissent ceux qui ont investi leur temps à suivre l’histoire. Ce n’est pas le moment non plus de faire apparaître de nouveaux personnages ni de faire découvrir au lecteur des éléments révélateurs hors de la trame narrative principale. Les informations présentes dans le récit jusqu’à maintenant devraient suffire à la tâche.
Le revers de cette médaille est aussi vrai : étirer une fin sans aucune raison pour fournir plus d’informations au lectorat afin d’expliquer ce qui vient d’arriver est à proscrire. Il faut savoir s’arrêter.
Planifier la fin d’un roman et ensuite écrire cette issue de manière convaincante n’est pas une mince affaire. Il apparaît cependant essentiel de répondre aux attentes des lecteurs, surtout en matière de littérature de genre. Bien que le roman littéraire offre une latitude plus grande, l’important demeure de trouver un équilibre entre ce qui est écrit et ce qui est présagé par le lecteur. Y réfléchir avant même le début de la rédaction semble la clé de la réussite.
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