Ça y est : vous avez enfin achevé l’écriture de votre roman. Que vous choisissiez l’édition traditionnelle ou l’autoédition, la question de la typographie sera certainement dans les cartons. Mais qu’est-ce au juste que la typographie ? Peut-on s’improviser typographe ? À ce sujet, Le pigeon décoiffé s’est entretenu avec Roger Des Roches, poète, romancier et typographe de profession maintenant à la retraite.
Qu’est-ce que la typographie ?
La typographie se définit comme l’art d’assembler les éléments d’un texte en vue de son impression. On pourrait, à tort, croire qu’un roman, une fois écrit, édité et révisé, n’a qu’à être tout bonnement imprimé avant de se retrouver sur les tablettes des librairies. Cependant, on oublierait alors une étape importante, cruciale même : celle de sa mise en pages.
Afin que la lecture soit la plus agréable possible, il importe de faire de bons choix typographiques (police de caractères, corps des caractères). Il importe aussi de disposer les différents éléments du texte en respectant certaines règles établies : espacements entre les mots et les lignes, césures en fin de ligne, longueur et largeur du texte imprimé par rapport aux marges, veuves et orphelines à éviter (dernière ligne d’un paragraphe rejetée sur la page suivante ou première ligne d’un paragraphe laissée seule au bas d’une page), etc.
Pourquoi la typographie est-elle importante en édition traditionnelle ?
On l’aura compris : une typographie réfléchie et professionnellement exécutée favorisera une expérience de lecture plaisante pour le lecteur. C’est pourquoi les maisons d’édition traditionnelles accordent une grande importance au choix du style typographique des œuvres qu’elles publient ainsi qu’aux respects des règles de typographie établies.
Selon monsieur Des Roches, « la plupart des éditeurs évitent les expériences [typographiques] qui pourraient dérouter le lecteur et la lectrice, et s’en tiennent à une typographie classique ». Bien qu’il puisse être tentant de sortir du lot pour certains types d’ouvrages, par exemple les livres jeunesse ou la littérature de genre comme la fantasy, il serait peu judicieux, en effet, d’opter pour l’originalité au détriment de la lisibilité.
Les éditeurs établissent une ligne directrice en matière de typographie, qui peut être la même pour toutes leurs publications ou varier selon les collections. Cela permet une certaine uniformité, une continuité qui agit comme un point de repère pour les lecteurs les aidant à reconnaître la production de l’éditeur par rapport à celle de ses concurrents. Monsieur Des Roches nous rappelle que c’est la « [m]ême chose pour la conception de la couverture : on reconnaît, par exemple, dès le premier coup d’œil, les livres des Herbes rouges ou du Quartanier. »
Les questionnements typographiques sont donc habituellement faits en amont, lors du lancement d’une nouvelle collection, par exemple, et non au cas par cas selon les œuvres. Ces questionnements font partie, plus largement, des réflexions en lien avec la ligne éditoriale d’un éditeur.
En quoi consiste le métier de typographe ?
Le métier de typographe, qui est enseigné dans certains collèges spécialisés, consiste à appliquer les règles de la typographie lors de la mise en pages d’un livre. Selon monsieur Des Roches, toutefois, la plupart des typographes actuellement en fonction sont des autodidactes ou des gens ayant reçu les enseignements de typographes d’expérience.
Alors que la plupart des maisons d’édition choisissent de faire affaire avec des typographes professionnels, certaines confient la responsabilité de veiller aux règles typographiques à d’autres professionnels en poste formés à cet art, par exemple un ou une graphiste.
Typographie et autoédition : une composante à ne pas négliger
Il pourrait être tentant pour un auteur qui opte pour l’autoédition de s’improviser typographe. D’après monsieur Des Roches, c’est toutefois une avenue périlleuse : « […] seul conseil : ne tentez pas, à moins de connaître les règles de la typographie, ainsi que le fonctionnement des logiciels d’infographie, de faire vous-même la typographie de votre livre. C’est un métier plutôt complexe. Ça ne s’improvise pas ». Une typographie mal exécutée pourrait en effet nuire à l’expérience de lecture, tout en rebutant les futurs lecteurs.
Comme c’est le cas pour toute composante de l’aventure éditoriale (édition, révision, traduction…), il peut alors être sage de solliciter des professionnels du milieu afin de profiter de leur expérience et de leurs judicieux conseils.
La typographie est donc un art tout en finesse qui agrémente notre lecture. Elle est en elle-même discrète, mais à fort potentiel d’impact : peu de gens la remarquent lorsqu’elle est adroitement exécutée, mais on ne peut pas en dire autant si elle laisse à désirer !
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Il existe une manière professionnelle de mettre en forme son manuscrit au moment de faire parvenir celui-ci aux éditeurs. Il s’agit d’une convention, dans le milieu de l’édition traditionnelle, qui définit la mise en page considérée comme étant standard.
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