Choisir un titre en anglais pour un livre écrit en français, est-ce une bonne idée ? Four Dead Queens, Shades of Magic, Icebreaker, Instructions for Dancing… Vous ne rêvez pas : bien qu’ils soient composés uniquement de mots anglais, ces titres appartiennent tous à des romans parus en français dans les dernières années. Cette tendance semble de plus en plus présente dans le catalogue d’ouvrages publiés en France, qu’il s’agisse de traduction ou de romans originaux, au point où vous vous êtes peut-être déjà demandé si opter pour un titre en anglais serait un choix judicieux pour votre propre manuscrit.

Le titre d’un ouvrage représente l’un des aspects marketing les plus importants à prendre en compte pour la commercialisation d’un livre. Si vous envisagez l’anglais pour le titre de votre œuvre, voici quelques pistes de réflexion qui vous aideront à peser le pour et le contre de cette décision qui n’est pas à prendre à la légère.

*Pour rédiger cet article, nous nous sommes entretenus avec deux éditeurs traditionnels. Nous avons également sondé des lecteurs assidus dans des groupes Facebook consacrés à la littérature.

Considérer le public cible

Lorsqu’il est accrocheur, le titre permet à l’ouvrage de se démarquer de la compétition et d’attirer l’attention des futurs lecteurs. En ce sens, le choix d’un titre doit refléter le public cible et ses attentes. On ne s’adresse pas à de jeunes lecteurs de 20 ans, pour qui l’utilisation de l’anglais dans le langage de tous les jours est une pratique normalisée, comme on s’adresse à un public plus âgé. Qui plus est, l’utilisation de l’anglais dans les titres d’œuvres littéraires et, plus largement, dans le monde du marketing en général est beaucoup plus installée en France qu’au Québec.

Il faut aussi savoir que l’usage de l’anglais dans les titres de roman fait partie des codes de certains genres littéraires, notamment le Young Adult et la New Romance, comme nous l’ont rappelé les professionnels du milieu avec qui nous nous sommes entretenus. Le lectorat de ce type de littérature, habituellement âgé de 18 et 30 ans, est donc accoutumé des titres anglais ; cela ne le choque pas et peut même faire partie de ses attentes envers le genre.

Toutefois, pour un lectorat non initié à ces genres littéraires, un titre anglais pourrait l’induire en erreur et lui faire croire, à tort, que le livre auquel il s’intéresse est écrit en anglais. Il y aurait alors un risque qu’il choisisse de ne pas se le procurer. Plusieurs lectrices québécoises nous ont d’ailleurs mentionné ressentir de la confusion lors de leur magasinage en ligne. Dans le doute, plusieurs d’entre elles disent préférer s’abstenir d’acheter un ouvrage, même si ce dernier les intéresse. Pour pallier ce problème, les éditeurs ont souvent recours à l’ajout d’un sous-titre en français, afin de limiter le risque de confusion.

Choisir un titre conforme à l’essence du roman

Il est primordial que le titre choisi pour un roman soit à la fois accrocheur et qu’il reflète son essence. De plus, il faut aussi considérer la meilleure façon d’intituler une œuvre pour qu’elle renvoie à la langue usuelle, qu’elle « parle » aux gens avec un vocabulaire qui leur ressemble. Si la réalité dont il est question dans l’histoire est désignée couramment par des mots anglais, alors ceux-ci pourraient s’avérer être un choix judicieux afin que le titre soit évocateur pour le grand public. Il est essentiel que les lecteurs puissent comprendre rapidement, en quelques secondes seulement, à quoi le titre fait référence, d’où l’importance d’opter pour des mots qui sont passés dans l’usage.

Par exemple, un roman qui se déroulerait dans l’univers du soccer aurait avantage à s’appeler « soccer mom » plutôt que « les mères du soccer », la première expression étant passée dans le langage courant.

Publication d’un livre : évaluer les objectifs de commercialisation

Comme mentionné précédemment, l’usage de l’anglais à toutes les sauces est beaucoup plus installé et socialement accepté en France qu’au Québec. Dans la belle province, la protection de la langue française est un cheval de bataille qui a su limiter, dans la mesure du possible, les emprunts à l’anglais dans la langue courante. En France, toutefois, c’est une autre histoire. Sans faire de généralisation, un éditeur traditionnel québécois nous confie que, selon lui, « il n’y aura jamais assez de mots anglais dans un titre pour les Français ! »

Alors qu’au Québec, certains puristes pourraient voir d’un mauvais œil l’utilisation de l’anglais dans les œuvres littéraires. Ce choix éditorial est plutôt perçu comme une option attirante pour nos voisins de l’Hexagone. Un éditeur français nous confirme d’ailleurs que l’anglais dans un titre est souvent, à lui seul, un argument de vente convaincant pour certains lecteurs français.

D’un point de vue commercial, un titre peut devenir une image de marque qui sera aisément reconnue par sa communauté de lecteurs. En ce sens, sa « traduction » en français peut nuire à sa visibilité et le rendre moins identifiable. En conservant le même titre, peu importe la langue de publication, on s’assure alors que le titre sera plus facilement reconnu par l’ensemble des lecteurs. On crée ainsi une image de marque forte et cohérente.

Le titre d’un roman : un choix personnel bien réfléchi

Bien que le choix d’un titre anglais puisse attirer l’attention des lecteurs, il ne faut pas oublier qu’il pourrait porter à confusion si l’on vise principalement un lectorat québécois, moins habitué à ce choix éditorial. En France, en revanche, cette tendance semble être bien établie, surtout en ce qui concerne la littérature Young Adult et New Romance, elle est donc mieux comprise par les lecteurs et même considérée attirante par bon nombre d’entre eux.

Finalement, outre les considérations de mise en marché, le choix d’utiliser ou non l’anglais dans un titre de roman est en partie personnel. Il faut simplement qu’il soit en accord avec nos valeurs et l’image que l’on a envie que notre œuvre projette sur la scène littéraire et auprès de notre lectorat cible.

N.B. Il est interdit de reproduire ce texte, en entier ou en partie, sans avoir obtenu notre autorisation.

L’édition traditionnelle fait rêver beaucoup d’auteurs qui espèrent connaître, grâce à celle-ci, le succès qu’ils imaginent pouvoir être celui de leur livre publié. Or, compte tenu des milliers de manuscrits que reçoivent annuellement les maisons d’édition, il s’avère difficile d’y accéder.

Le recours aux services d’un agent littéraire apparaît pour plusieurs le meilleur moyen d’atteindre l’objectif de la publication professionnelle. Il importe toutefois de savoir que les démarches visant à trouver un agent littéraire ne sont pas sans présenter, elles aussi, certaines difficultés.

Si vous songez à la possibilité de recourir aux services d’un agent littéraire, prenez le temps de vous renseigner au sujet de ce métier qui s’exerce dans l’ombre du milieu éditorial.

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