Il y a des livres que nous dévorons, qui nous font vibrer et qui nous semblent être écrits pour nous. Il arrive parfois qu’ils ont le même effet sur d’autres personnes, voire sur un vaste lectorat. Comment se fait-il? Ces livres à succès, qu’ont-ils en commun? Existerait-il une recette derrière les best-sellers québécois? S’il importe de suivre une recette à la lettre pour qu’un gâteau soit réussi, du côté littéraire la réponse n’est pas si simple…

Un livre, un objet commercial

Le terme «best-seller» signifie littéralement «meilleur vendeur». Qu’on le veuille ou non, l’objet-livre est un produit commercial. Écrire est une chose, être lu en est une autre. Au moment où l’écrivain voit son œuvre publiée – que ce soit en passant par une maison d’édition ou par l’autopublication –, plusieurs éléments se doivent d’être considérés avant même que le livre soit ouvert par le potentiel lecteur. Le paratexte, c’est-à-dire tout ce qui entoure l’œuvre en soi, devient alors un moyen d’attirer l’acheteur.

En misant notamment sur une couverture attrayante, une 4e de couverture bien formulée ainsi que la publicisation de l’œuvre (dans les journaux, les librairies, sur les réseaux sociaux, etc.), ces stratégies de mise en marché concourent à son achat.

Cela dit, suivre cette démarche ne garantit en rien le résultat souhaité. L’acheteur demeure un humain, un être changeant avec ses propres idées, croyances et opinions, que l’on ne peut simplement appâter. Le même principe se cache derrière les publicités que l’on voit sur les panneaux extérieurs, à la télévision ou que l’on entend à la radio, elles peuvent avoir un effet comme elles peuvent rater sa cible.

Une recette et ses limites

Dans Ces livres que vous avez aimés. Les best-sellers au Québec de 1970 à aujourd’hui, un des rares livres qui analyse le phénomène, il en ressort qu’une «intrigue fondamentale» composée de sept motifs en ordre chronologique façonnerait la structure narrative des œuvres à succès :

  1. Un personnage vit dans une situation d’équilibre euphorique.
  2. Apparaissent des difficultés graves mettant en jeu sa survie ou sa liberté.
  3. Le protagoniste résiste à l’adversité et se prépare avec détermination à renverser la situation (c’est normalement la phase longue du récit).
  4. Il subit un échec d’ordre affectif.
  5. Il parvient au succès.
  6. Il connaît un rétablissement d’ordre affectif.
  7. Il prend la parole pour narrer sa propre aventure.

Les motifs centraux, soit de 2 à 5, formeraient la structure essentielle alors que les autres seraient facultatifs. Les auteurs du livre soulignent toutefois que ce «scénario motif» demeure hypothétique, déduit d’un échantillon de livres à succès au Québec.

«Il n’y a pas lieu de croire à une formule clairement identifiée par les producteurs. [] Une telle liberté implique, entre autres, que les contraintes du récit fondamental précédemment reconnues ne sont pas obligatoires pour l’ensemble considéré, le corpus des best-sellers; elles ne sont que probables.»1

Ce travail de recherche démontre que plusieurs œuvres à succès cadrent avec ce scénario, alors que d’autres ont réussi à se frayer un chemin et à conquérir un lectorat autrement, en se détournant du modèle. Des œuvres sortiraient donc du lot avec leur propre signature, une approche différente. Il n’est donc pas rare, quand celles-ci font florès, que certains auteurs emboitent le pas en répétant ce nouveau modèle au risque, parfois, de créer une pâle copie de l’œuvre originale. On peut penser à la prolifération de romans appartenant à la chick lit dont le succès commercial a été prouvé, mais cette situation s’observe tout autant chez d’autres genres littéraires.

Des thématiques communes et actuelles

Certains sujets feront écho aux lecteurs à une époque ou une période précise. C’est être dans l’air du temps, en phase avec sa société, avec ses contemporains. Des sujets de prédilection ont d’ailleurs été observés chez de nombreuses œuvres québécoises représentant la réalité de son lectorat.

Que l’auteur écrive volontairement ou inconsciemment sur des thématiques familières ou des sujets tout simplement actuels, il ne faut pas oublier que c’est dans la manière que ceux-ci seront traités, écrits, qui fera entre autres la différence. C’est tout l’art de savoir conjuguer le fond et la forme.

Bref, bien qu’il soit pertinent de savoir ce qui rejoint le public québécois, le plus important c’est d’écrire pour soi sur ce qui nous touche, nous fait plaisir, en tant qu’écrivain, et que le manuscrit nous satisfasse avant tout. Puisque s’il y avait un modèle à suivre et qui était détectable par les maisons d’édition, elles ne publieraient que des œuvres à succès !

[1] Denis Saint-Jacques (dir.) et al., Ces livres que vous avez aimés. Les best-sellers au Québec de 1970 à aujourd’hui, Québec, Nuit Blanche, 1997, p. 232-233.

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