Définir le roman québécois n’est pas une mince affaire. On y consacre des cours universitaires entiers et chaque année, de nombreux nouveaux titres ne cessent de renouveler et de peaufiner le genre. Certaines tendances se dessinent pourtant au travers d’un éventail d’œuvres narratives. Voici 6 caractéristiques contemporaines qu’il importe de souligner.
L’imaginaire du Nord
De plus en plus, le roman québécois assume sa nordicité et se sert de l’hiver, du froid et de l’atmosphère qui en découle pour en teinter son identité. Le roman Kamouraska d’Anne Hébert en est un exemple frappant, tout comme Le poids de la neige de Christian Guay-Poliquin qui a su charmer des lecteurs jusqu’en Europe ces dernières années. Dans cette histoire, qui se déroule en huis clos à cause d’un hiver rude, deux des personnages se trouvent isolés dans une proximité qu’ils ont plus ou moins choisie et qui les pousse à gérer l’inconfort encouru. Dans Nirliit de Juliana Léveillé-Trudel, une «femme du Sud» parle et décrit le Nord, qui devient un personnage à part entière: «Le Nord fait exprès de sortir une journée magnifique pour mon départ, pour me narguer, me convaincre de rester[1].» Le charme, la violence, la rudesse, tout se mélange dans ce portrait magnifique du Nord.
La particularité de ses langues
Le joual de Michel Tremblay, les jeux de mots de Réjean Ducharme, le parler saguenéen de Samuel Archibald, le langage coloré du Beauceron Fabien Cloutier, le franglais d’Alexandre Soublières, ce n’est pas peu dire, l’écrivain québécois sait honorer sa langue et ses différents registres en les transposant dans des textes forts et multiples.
Les Premiers Peuples prennent aussi la parole et s’approprient le territoire littéraire à travers des maisons d’éditions phare comme Hannenorak et Mémoire d’encrier. Dans Kuessipan, Naomi Fontaine intègre sa langue maternelle dans un roman écrit en français. Ainsi, elle tend la main aux lecteurs en leur transmettant une partie de son identité: sa parole.
Montréal et les régions
Si le roman parlant de la ville, Montréal pour ne pas la nommer, s’est démarqué au fil des années pour presque devenir la norme et s’inscrire parfois en dichotomie avec la campagne, les régions ont aussi leurs voix fortes avec entre autres Geneviève Pettersen, William S. Messier, Virginie Blanchette-Doucet et Érika Soucy. Cette dernière raconte, dans Les murailles, son voyage à La Romaine sur la Côte-Nord, lieu tant chéri par son père qui y travaille depuis qu’elle est enfant. Encore ici, le lieu devient personnage et l’accompagne tout au long de son périple.
Littérature migrante
La réputation de Dany Laferrière et de Kim Thúy n’est plus à faire dans le paysage littéraire contemporain. Ces derniers ont pavé la voie à plusieurs jeunes écrivains qui racontent, à leur tour, l’exil, le déracinement et le choc culturel d’avoir à s’enraciner ailleurs.
Caroline Dawson, avec son roman Là où je me terre se réapproprie les codes de la littérature migrante afin de raconter sa propre histoire, celle d’une jeune Chilienne qui immigre au Québec et qui doit apprendre à naviguer la réalité nord-américaine, on le comprendra, au prix de bien des sacrifices. Son roman touchant met en lumière les inégalités qui attendent les personnes immigrant au Canada.
Crise identitaire
Si le roman québécois a longtemps été marqué par des réflexions entourant le déchirement du Québec entre américanité et européanité, depuis quelques années, elles s’articulent davantage autour de l’identité de genre.
La communauté LBGTQIA+ prend parole et revendique, raconte, performe une existence libre. Les écrivains et écrivaines Antoine Charbonneau-Demers, Kevin Lambert, Gabrielle Boulianne-Tremblay, Chris Bergeron et Marie-Ève Maréchal se sont démarqués ces dernières années avec des romans à la langue déliée qui exposent des réalités trop longtemps mises de côté.
Hybridité du genre littéraire
Ces derniers temps, le genre romanesque semble s’éclater de plus en plus. Flirtant parfois avec le récit autobiographique, parfois avec l’essai, certains livres hybrides ont frappé l’imaginaire par leur ingéniosité et le flou qu’ils laissent entre la réalité et la fiction.
Thelma, Louise & moi de Martine Delvaux en est un bon exemple. De même, Nicholas Dawson explore dans Désormais, ma demeure, la relation entre l’endroit où il habite et la manière qu’il a eue de vivre une profonde dépression, accompagnant son texte de photos prises durant cette période sombre.
Bien sûr, ces courtes caractéristiques ne sauraient couvrir l’entièreté d’une identité romanesque aussi riche que celle du roman québécois. Les voix se font fortes, volontaires, multiples et se déclinent dans une multitude de genres différents, au grand plaisir des lecteurs qui deviennent de plus en plus curieux. La leçon qu’un auteur peut en tirer est d’oser: oser écrire des livres qui ne répondent pas à la norme, oser nommer et explorer, oser s’approprier un territoire littéraire qui ne demande qu’à l’être.
[1] Léveillé-Trudel, Juliana, Nirliit, La Peuplade, Chicoutimi, 2015, p.69.
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Planifier l’écriture d’un roman peut s’avérer nécessaire, ne serait-ce que pour mettre de l’ordre dans vos idées et clarifier vos intentions d’écriture.
Il convient de vous interroger à propos des principaux enjeux de l’histoire que vous vous apprêtez à écrire (ou à restructurer). Afin d’en jeter les bases, le schéma actanciel s’avérera fort utile.
Cette action principale qu’il importe de définir constituera le pivot autour duquel s’organisera tout le récit. Elle ne doit donc pas être considérée à la légère.

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