Enfin, vous avez achevé le premier jet de votre manuscrit! Mais à l’étape de la réécriture, vous n’êtes plus sûrs des temps de verbes à appliquer dans une phrase complexe… ou encore, d’un paragraphe à l’autre, vous sautez du passé au présent. Cela pourrait signifier que les règles de la concordance et de la cohérence des temps vous échappent. Penchons-nous sur les deux bêtes noires de bon nombre d’auteurs, même les meilleurs en français!
La concordance des temps, qu’est-ce que c’est?
Il y a dans votre texte un temps principal pour lequel vous avez opté, que ce soit le présent (« j’accueille »), le passé simple (« j’accueillis ») ou composé (« j’ai accueilli »). Pour des raisons narratives (pour raconter un événement qui n’a plus cours dans le présent du récit, entre autres), vous devez toutefois emprunter des temps différents du temps dominant.
C’est le cas dans une subordonnée, type de phrase non autonome enchâssée à l’intérieur d’une phrase principale. Cette subordonnée introduit plusieurs aspects : la simultanéité (lorsqu’elle est introduite par « pendant que », « tandis que »…), l’antériorité (« quand »…), ou encore la postériorité (« une fois que »…), aspects qui exigent un changement de temps. Ainsi, le temps d’une subordonnée reste différent du temps de la phrase principale, accordée au temps de votre livre.
Après être allé marcher au bord de la rivière (phrase subordonnée introduite par « après »), il se couche (phrase principale*).
*La phrase principale se tient toujours d’un point de vue syntaxique (elle demeure complète), même lorsqu’on la sépare de la subordonnée. On ne pourrait pas en dire autant de cette dernière : « Après être allé marcher au bord de la rivière » n’est pas une phrase complète.
Il peut s’avérer difficile de trouver le bon temps d’une subordonnée. C’est ce qu’on appelle la concordance : ajuster la conjugaison des verbes d’une même phrase. Dans l’exemple ci-dessus, le temps de la phrase principale (« se couche ») reste au présent, et celui de la subordonnée doit s’accorder au passé (« être allé ») pour montrer que le personnage a arrêté de se promener. On conjugue donc le verbe selon le sens qu’on souhaite prêter à la phrase[1]. En fait, le sens influence grandement le temps de la subordonnée. Dans : « L’appelante a déclaré qu’il était invalide », par l’imparfait de « était » de la subordonnée « qu’il était invalide », on comprend que cette invalidité n’a actuellement plus lieu. Cela serait tout autre si l’on sélectionnait un temps différent dans la subordonnée, comme un verbe au présent de l’indicatif : « L’appelante a déclaré qu’il est invalide. »
En plus du sens, le temps de la phase principale aide à déterminer celui d’une subordonnée. Imaginez que vous rédigez votre livre au passé simple ou composé. Il existe une règle fixe à ce propos : avec ces temps, pour une action simultanée qu’établit une subordonnée, on prend automatiquement l’imparfait.
Marie alla/est allée jouer dehors pendant que sa mère préparait le repas.**
La cohérence des temps de verbes : de quoi s’agit-il?
La cohérence désigne l’harmonisation des temps de verbes à travers votre manuscrit; c’est également répondre à une logique, mais de celle du texte en entier. Cette notion demeure importante pour les auteurs : certains changent de temps d’une page à l’autre; ils commencent leur livre au présent, puis le terminent au passé simple[2].
Certes, nous avons la possibilité d’employer plus d’un temps dans un roman : on l’a souligné plus haut, avec les subordonnées conjuguées différemment de leurs phrases principales. Mais chaque temps, justement, a sa place : dans certains cas, les temps du passé, nommés dans l’image suivante, relatent des événements d’avant (flash-back, analepses); le futur, quant à lui, peut projeter les lecteurs dans des prolepses.

Les temps de verbes
Question de logique, on n’insère donc pas de présent ou de futur dans un flash-back… tout comme, d’ailleurs, on n’écrit pas le début d’une histoire au présent de l’indicatif pour la finir au passé simple, sauf si l’on y présente des souvenirs. Dans ce cas, vous pouvez l’indiquer ou le faire sentir pour que les lecteurs puissent saisir les raisons de ces changements de temps.
À quoi servent la concordance et la cohérence dans un récit littéraire?
Avec la bonne concordance, on diminue le nombre d’erreurs grammaticales, ce qui augmenterait vos chances de publication, car « les éditeurs n’aiment pas trop [les fautes], surtout si elles sont répétitives[3]. » Songez aussi à vous corriger si vous autoéditez votre manuscrit, question de crédibilité.
La cohérence contribue à la logique du discours, elle éloigne vos futurs lecteurs d’une sensation d’égarement, d’une confusion. Maîtriser la cohérence, c’est les situer dans la narration, leur faire comprendre à quel moment du récit ils ont affaire : les scènes s’enchaînent mieux.
Pour conclure : comment remédier aux erreurs de concordance ou de cohérence?
Avant le premier jet de votre manuscrit, prenez un instant pour bien choisir votre temps de verbes principal[4]. Cela deviendra plus aisé pour vous en tenir à ce temps durant votre écriture, reconnaître les temps requis aux actions simultanées, aux analepses et aux prolepses. Vous éviterez ainsi plus facilement les fautes de concordance.
Après votre premier jet, relisez-le afin de vérifier la cohérence : utilisez-vous bien le passé pour les souvenirs? Remarquez-vous que vous délaissez votre temps principal pour bifurquer vers un autre sans lien précis?
Il ne suffit pas de passer des heures à feuilleter le Bescherelle, mais d’un peu d’attention et de retravail! N’oubliez pas, au-delà de ces explications et des règles de français, de laisser parler votre intuition et votre logique.
[1] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/tpv2guides/guides/chroniq/index-eng.html?lang=eng&lettr=indx_autr84vWAiHFbX6w&page=9vKv9UDgrj0U.html
[2] https://bescherelle.ca/correspondance-des-temps/
[3] Pascal Perrat, Comment écrire son premier roman, Éditions 365, « Le cercle des écrivains », 2011, p. 105.
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