Souvent confondus, souvent employés à tort, les guillemets et l’italique possèdent des fonctions différentes. Vous pourriez douter de leur utilisation au moment d’écrire, sinon en vous relisant. L’usage des guillemets et de l’italique dans un même texte vous pousse à vouloir connaître leurs règles d’utilisation. Quand opte-t-on pour les guillemets ? Dans quelles circonstances l’italique s’avère-t-il nécessaire ?[1]
Les guillemets : à quoi servent-ils ?
Leur rôle essentiel, c’est d’encadrer les citations[2]. Pour ce faire, divers types de guillemets existent.
Les guillemets français (« ») : pour encadrer une citation principale.
Les guillemets anglais doubles (‘‘ ’’) : pour intégrer une citation à l’intérieur de la citation principale.
Les guillemets anglais simples (‘ ’) : pour enchâsser une citation à l’intérieur de la citation imbriquée.
EXEMPLE :
Le chroniqueur s’est étonné : « J’ai écrit dans mon texte : ‘‘La députée a accusé le ministre d’être ‘menteur et hypocrite’ à la Chambre des communes.’’ Ce n’est pas moi qui l’ai traité de menteur et d’hypocrite, mais la députée. »
Les types de citations
Les citations de premier rang (« »)
Pour citer des propos, on utilise par défaut les guillemets français.Les citations de second rang (‘‘ ’’)
Si l’on doit rapporter des propos à l’intérieur d’une citation principale, qui est entre guillemets français (« »), les guillemets anglais doubles (‘‘ ’’) encadrent ces propos dits de second rang.Les citations de troisième rang (‘ ’)
On a recours aux guillemets anglais simples (‘ ’) lorsque l’on cite un extrait dans une citation de second rang se trouvant entre les guillemets anglais doubles[3]. Autrement dit, on les utilise pour imbriquer une citation de troisième rang.
L’usage des guillemets au-delà des citations
Intégrer une définition
On peut employer les guillemets dans le but, aussi, de fournir le sens d’un mot ou sa définition[4].
EXEMPLE :
Marie apprend aux Marocains que « caléchier » signifie « conducteur d’une calèche » au Québec.
—
Signaler l’ironie
Autre fonction quelque peu oubliée : ils indiquent l’ironie[5] à vos lecteurs.
EXEMPLE :
Andrée déclara à son collègue que leur patronne était arrivée « à l’heure » à la réunion.
—
Encadrer une séquence dialogale
Vous avez également la possibilité, dans votre récit littéraire, de les prendre pour vos dialogues. Les guillemets ouvrent et ferment les conversations ; les tirets, quant à eux, annoncent les changements d’interlocuteurs[6].
EXEMPLE :
Stéphanie fait irruption dans le bureau. David, impassible, la regarde se plaindre :
« Je mérite une explication.
— Non, pas après que tu m’as humilié de la sorte.
— Mais toi, tu m’as menti !
— Assieds-toi, soupire-t-il, je vais t’expliquer. »
Elle se laisse bruyamment tomber dans la chaise.
Vous pouvez les utiliser pour les pensées de vos personnages. Cependant, les caractères italiques pourraient demeurer préférables pour ce cas et les guillemets pour les paroles prononcées à haute voix.
Concernant les pensées, si vous hésitez entre les guillemets et l’italique, tenez-vous à l’un ou à l’autre tout au long de votre écriture ; vous resterez plus logique, atténuerez les confusions. Comme vos lecteurs qui se demanderaient sans cesse si votre protagoniste est en train de s’exprimer à haute voix ou de songer à quelque chose, dans le cas où vous auriez guillemeté ses pensées aux pages 15 et 41, puis employé l’italique pour d’autres réflexions à la page 65. Vous vous montrerez plus cohérent et augmenterez vos chances de publication.
Le Bureau de la traduction du Canada préfère les guillemets d’un point de vue esthétique ; « l’italique », avance-t-il, « […] n’est pas aussi lisible que le caractère ordinaire[7] ». Si cela peut vous aider à trancher, en particulier pour les plus longues pensées.
Comment utiliser l’italique ?
Son rôle principal est d’attirer l’attention sur des mots ou des phrases[8].
Les titres d’ouvrages
De plus, les caractères italiques servent à citer les titres d’écrits divers (livres, journaux, chansons, pièces de théâtre…), d’œuvres d’art, de films ou d’émissions. Petite particularité : le titre complet d’une œuvre demeure en italique ; on isole le titre d’une partie de l’œuvre (par exemple, le nom d’un chapitre ou un article tiré d’une revue) entre guillemets, sans l’italique[9].
—
Les noms commerciaux
Se mettent la plupart du temps en italique les noms des créations commerciales de luxe, tels que les parfums ou les vêtements haute couture, sans oublier ceux des bateaux, des trains, des avions et des engins spatiaux[10] : le cuirassé Missouri, le Spirit of Saint Louis, le télescope Hubble…
—
Les mots en langue étrangère
Recourez aux caractères italiques si vous écrivez des mots empruntés à des langues étrangères au français dans votre roman (« slow food », « hasta la vista »…), ou des appellations scientifiques en latin[11].
EXEMPLE :
On observe l’Esox lucius, ou grand brochet, dans l’hémisphère Nord.
On laisse en romain les mots étrangers francisés, c’est-à-dire entrés dans l’usage du français et présents dans un dictionnaire (« apartheid », « leitmotiv », « méchoui », « week-end »…)[12]. Il est tout de même courant de prendre l’italique pour les mots bien en français, mais techniques[13].
EXEMPLE :
L’encyclopédie parle des oiseaux nidifuges, plus précisément ceux qui fuient leur nid.
Pour le français québécois ou un autre français non standard, employer l’italique ou le romain est une question de jugement[14]. Si vous vous fiez au contexte ainsi qu’aux destinataires de votre histoire, et pensez que vos futurs lecteurs connaîtront mal ou pas du tout tel ou tel mot, vous pouvez mettre de l’avant l’italique. C’est possible d’utiliser les guillemets au lieu de l’italique ; encore là, cela dépend du choix de l’auteur. Choisissez-en un seulement et restez cohérent tout au long de votre roman afin d’éviter toute ambiguïté littéraire.
Guillemets et italique : comment corriger les erreurs ?
Il importe d’abord de saisir les nuances entre les guillemets et l’italique. Non seulement pour écarter les fautes potentielles (comme mettre les dialogues en italique, ou un mot en italien entre guillemets), mais aussi pour éviter un pléonasme littéraire : l’application simultanée des guillemets et des caractères italiques.
Le Bureau de la traduction du Canada ne condamne pas tout à fait « ce procédé assez répandu ». Il précise cependant « qu’on peut [le] considérer comme redondant[15] », puisque les guillemets et l’italique font tous deux ressortir des mots ou des phrases.
Surprise : comme dans plusieurs règles, il y a des exceptions ! À certains moments, employés ensemble, ils ne donnent pas l’impression d’un pléonasme. Mentionnons parmi les plus communs un dialogue, évidemment placé entre guillemets, mais en langue étrangère : l’italique est dans ce cas toujours requis malgré la présence des guillemets.
EXEMPLE :
Mark laisse échapper : « Such is life. »
TABLEAU récapitulatif
Pour conclure : préférera-t-on les guillemets ou l’italique ?
Il existe des règles concernant leur emploi respectif : d’un côté, les citations et dialogues qui s’encadrent très généralement de guillemets, sans oublier les définitions des mots et ceux marqués par l’ironie ; de l’autre, plusieurs titres et termes en langue étrangère, ou techniques, en italique. Pour les pensées ainsi que les mots en français non standard (incluant les inventions langagières), c’est à vous d’opter soit pour les guillemets, soit pour l’italique.
Malgré toutes ces règles, l’emploi des guillemets et de l’italique vous offre une plus grande liberté stylistique que vous ne le croyez. Vous pouvez mettre l’avant-propos, la postface, des passages au passé ou au futur, des lettres ou bien des rêves en italique… même déjouer quelques règlements (sans tomber dans l’abus !). À titre d’exemple, dans L’enfant mascara, de Simon Boulerice, les verbatim des personnages sont rédigés en italique, et non placés entre guillemets. Tout en restant dans la modération et la cohérence, c’est à vous de prendre ce qui convient le mieux à votre style.
[1] Le Bureau de la traduction du Canada et les sites de la Vitrine linguistique, d’Usito et d’Alloprof, tous consultés le 14 juin 2023, ont inspiré de nombreux exemples pour cet article.
[2] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/redac-chap%3Flang=fra&lettr=chapsect7&info0=7
[3] https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/23386/la-ponctuation/guillemets/guillemets-et-citation-de-second-rang
[4] https://usito.usherbrooke.ca/articles/aides_%C3%A0_la_r%C3%A9daction/LesProc%C3%A9d%C3%A9sDeMiseEnReliefDansUnTexte
[5] https://usito.usherbrooke.ca/articles/aides_%C3%A0_la_r%C3%A9daction/LesProc%C3%A9d%C3%A9sDeMiseEnReliefDansUnTexte
[6] https://www.alloprof.qc.ca/fr/eleves/bv/francais/les-guillemets-f1174
[7] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/redac-chap?lang=fra&lettr=chapsect5&info0=5
[8] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/redac-chap?lang=fra&lettr=chapsect5&info0=5#
[9] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/redac-chap?lang=fra&lettr=chapsect5&info0=5#
[10] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/redac-chap?lang=fra&lettr=chapsect5&info0=5#
[11] https://usito.usherbrooke.ca/articles/aides_%C3%A0_la_r%C3%A9daction/LesProc%C3%A9d%C3%A9sDeMiseEnReliefDansUnTexte
[12] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/redac-chap?lang=fra&lettr=chapsect5&info0=5.3.4 et https://usito.usherbrooke.ca/articles/aides_%C3%A0_la_r%C3%A9daction/LesProc%C3%A9d%C3%A9sDeMiseEnReliefDansUnTexte
[13] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/clefsfp-srch?lang=fra&srchtxt=fonction&cur=109&nmbr=169&lettr=indx_catlog_n&page=9VmIgAAAAAAA.html
[14] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/redac-chap?lang=fra&lettr=indx_catlog&info0=5.3.5&info1=7.3.5
[15] https://www.btb.termiumplus.gc.ca/redac-chap?lang=fra&lettr=chapsect7&info0=7.2
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