Les connecteurs temporels, vous connaissez ? Si vous vous êtes déjà senti transporté au temps des pharaons, ou si vous avez déjà eu l’impression de vous promener dans les rues de Londres au début du XIXe siècle, vous savez à quel point il est important qu’un récit soit bien raconté. Et qui dit bien raconté dit nécessairement bien construit dans le temps. En effet, l’un des défis les plus ardus dans l’écriture d’un roman réside dans la gestion cohérente, claire et fluide du temps.
À ce propos, les connecteurs temporels, qu’on appelle aussi marqueurs temporels, bien que souvent sous-estimés, jouent un rôle central dans le succès d’un récit bien construit. Et c’est d’autant plus important quand on choisit de raconter un récit au passé. Dans cet article, nous examinerons de près l’importance des connecteurs temporels dans un récit au passé. Nous mettrons en lumière les stratégies clés pour garantir une utilisation judicieuse et logique et dans le but de créer une narration claire et facile à suivre.
L’importance des connecteurs temporels
D’abord, qu’est-ce qu’un connecteur temporel ? C’est tout simple : ce sont des marqueurs utilisés en milieu, en tête ou en fin de phrase, qui expriment le temps et/ou l’espace dans un récit.
L’utilisation cohérente des connecteurs dans un roman est cruciale pour assurer la clarté et la fluidité de l’histoire. Ce faisant, quand les connecteurs temporels sont placés aux bons endroits et qu’ils sont bien choisis et variés, l’impact est considérable sur l’expérience de lecture du lecteur : non seulement vous réduisez le risque de malentendus ou d’interprétations erronées des événements, mais vous créez également une structure chronologique claire et plus simple à suivre. De plus, en reliant clairement les événements les uns aux autres, vous vous assurez que les transitions temporelles sont claires et fluides.
Les connecteurs temporels à éviter
Comment savoir quels connecteurs temporels sont à éviter dans un récit au passé ? Il n’y a pas de consignes universelles qui proscrivent l’utilisation de marqueurs temporels en particulier, puisque leur pertinence dépend du contexte et du style d’écriture. Cependant, certains connecteurs temporels peuvent entraîner une confusion quand ils ne concordent pas avec la temporalité du récit.
Tout se complique quand on choisit de raconter une histoire au passé. Pourquoi ? Parce que la posture narrative n’est donc pas au présent ! En effet, quand on rédige un récit au passé, on doit garder en tête que la posture du narrateur est aussi au passé; c’est pourquoi il faut éviter l’erreur fréquente de placer des connecteurs temporels qui indiquent une posture au présent.
Autrement dit, si vous avez du mal à vous y retrouver, dites-vous que le point de vue narratif est ce qui dictera le mieux la cohérence des connecteurs temporels, et que l’utilisation de quelques connecteurs peut être anachronique dans certains contextes.
Pour vous aider, voici quelques exemples clairs de connecteurs dissonants donc, à éviter dans un récit au passé :
- Actuellement, présentement, maintenant : ces mots signifient littéralement « au moment présent » ou « à l’heure actuelle », on peut ainsi directement supposer qu’ils sont inadéquats dans une posture passée. La plupart du temps, il est possible de remplacer le connecteur fautif par un autre adverbe.
- Dans ce temps-là, il étudiait à l’université et était actuellement à la recherche d’emploi. → Dans ce temps-là, il étudiait à l’université et était activement à la recherche d’emploi.
- C’était présentement la seule chance de sa vie. — C’était incontestablement la seule chance sa vie.
- Demain, aujourd’hui: Même si l’utilisation de « demain » n’est pas fautive sur le plan linguistique, elle peut cependant porter à confusion dans un récit raconté au passé. Pour éviter cette confusion, on recommande de remplacer par des marqueurs qui ont un point de référence imprécis et/ou générique.
- Il avait décidé de s’enrôler demain — Il avait décidé de s’enrôler le lendemain.
- Aujourd’hui était le jour le plus important de ma vie — Ce jour-là était le jour le plus important de ma vie.
- Il y a deux jours : cette formulation qui peut varier (il y a trois jours, une semaine, des mois, etc.) suggère le même problème de point de vue que « demain ». On peut remplacer par des marqueurs de durée.
- Il y a deux jours, elle m’avait proscrit d’utiliser des connecteurs temporels —Deux jours plus tôt, elle m’avait proscrit d’utiliser des connecteurs temporels
- Il y ades mois qu’elle n’utilisait plus de marqueur —Cela faisait des mois qu’elle n’utilisait plus de marqueur
- L’année passée, l’année dernière: toujours dans la même idée que la référence à « l’année dernière » implique une posture au présent, on tentera de remplacer par des adjectifs comme « précédent » ou des adverbes comme « avant » ou « auparavant ».
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- Il se rappela que l’année passée avait été dure — Il se rappela que l’année précédente avait été dure
- La semaine dernière, tout le monde était content — Une semaine auparavant, tout le monde était content.
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Comment utiliser les connecteurs logiques dans un texte ?
Heureusement, il existe des trucs très simples pour faciliter l’utilisation des connecteurs temporels dans un récit au passé.
Pour y arriver, on conseille de suivre les conseils suivants :
- Une chronologie claire: c’est la fonction première des marqueurs temporels, soit d’ordonner les événements de manière logique. Pour y parvenir, commencez par relater les événements antérieurs, puis progressez dans le temps de manière cohérente.
Exemple : Ce matin-là, il se leva tôt, puis il prit son café et partit au travail.
- Une chronologie juxtaposée : On peut aussi utiliser des marqueurs pour enchâsser des événements qui dépendent de la perception du temps du narrateur ou du personnage et pour marquer la progression des événements, sans pour autant que cela soit précis.
Exemple : La police ouvrit une enquête qui mena à des recherches. Un jour, ils trouvèrent des empreintes et le chef fut forcé d’interroger Maurice au poste.
- Des connecteurs variés : une fois que vos chronologies sont claires, assurez-vous de varier vos connecteurs temporels. La redondance est toute aussi dissonante que l’incohérence. Surtout, veillez à ne pas abuser des connecteurs temporels, puisque l’utilisation excessive peut alourdir le récit. Parfois, il est plus judicieux d’opter pour la simplicité.
Exemple : La veille, lorsqu’il eut terminé son travail, il passa par le bureau de Nancy. Il retrouva ses amis au bar plus tard en soirée.
- Des connecteurs temporels précis : il existe certainement un connecteur qui correspond à la précision que vous souhaitez transmettre. Des termes comme « quelques jours » ou « il fut un temps » ne référeront pas à la même temporalité et ne montreront pas les mêmes ressentis des personnages, comme ces exemples peuvent le montrer.
Exemple : Quelques jours passèrent, et pourtant, elle se sentait toujours aussi désemparée par son regard.
Exemple : Il fut un temps où elle se sentait constamment désemparée par son regard.
- Des connecteurs cohérents avec le ton : certains connecteurs peuvent mieux s’agencer au style et à la plume d’un auteur. Assurez-vous d’utiliser des marqueurs au ton familier lorsque votre récit tend davantage dans cette direction, ou le contraire, si c’est le cas.
Formel : À cette époque, les changements sociaux étaient inévitables.
Informel (familier) : Dans ce temps-là, on sentait qu’on avait le pouvoir de changer les règles du jeu.
Maîtriser les marqueurs temporels
Toutes les raisons sont bonnes pour utiliser adéquatement les connecteurs temporels : non seulement vous exposez le lecteur à un récit cohérent, immersif et bien construit, mais vous évitez aussi les potentielles confusions. Car, comme vous avez pu le constater, les marqueurs temporels ne sont pas à négliger dans l’écriture d’un récit au passé et l’exercice demande un niveau supérieur de vigilance aux auteurs.
Chose certaine, chaque phrase est une pierre ajoutée à l’édifice temporel de votre histoire, et ces petites liaisons, lorsque bien employées, permettent au lecteur de monter une marche d’escalier à la fois, sans débouler ! Alors, exploitez-les avec justesse et faites d’eux vos alliés dans l’entreprise complexe, mais ô combien gratifiante qu’est l’écriture romanesque.
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