Genre très apprécié de la littérature occidentale depuis le milieu du XIXe siècle, la science-fiction plonge le lecteur dans des univers où l’actualité est télescopée, où les questionnements universels sont revisités sous le prisme du progrès technique et technologique. Si le genre se retrouve parfois aux croisements de la fantasy ou du fantastique, la science-fiction possède quelques caractéristiques qui lui sont propres.
L’illusion de réel
Que l’action se déroule dans une station spatiale ou au cœur d’une mégalopole futuriste, le récit de science-fiction s’applique à créer une illusion de réel, afin de rendre son contenu crédible pour le lecteur. Les événements historiques et les angoisses collectives, facilement identifiables, servent de bases à ces univers fictifs et leur donnent une apparence familière malgré leur étrangeté et leur distance.
Par exemple, dans Un cantique pour Leibowitz de Walter M. Miller, c’est la domination du Clergé sur la société et la peur d’un nouvel holocauste nucléaire global qui servent de toile de fond au récit.
Les lieux connus du lectorat peuvent également se retrouver complètement métamorphosés, comme dans Mars & Avril de Martin Villeneuve où Montréal est devenue une vaste cité futuriste dont le réseau de métro a remplacé ses wagons par… des téléporteurs! Grâce à ces référents, le lecteur est appelé à reconnaître une partie plus ou moins importante de l’univers science-fictionnel, ce qui rend l’ensemble crédible à ses yeux.
Omniprésence des sciences et des technologies
Si les sciences et les technologies ne sont pas au cœur de l’intrigue du récit de science-fiction, elles la borderont de tous les côtés. Dans Le projet Éternité de Jean-François Beauchemin, les hommes ont réussi à «inventer l’immortalité». Le procédé n’est jamais détaillé concrètement, ce qui n’empêche pas l’intrigue de s’articuler autour de la vie dans ce futur où la mort n’existe pas.
Dans le cycle de Fondation d’Isaac Asimov, le professeur Hari Seldon invente une nouvelle discipline scientifique, la psychohistoire, qui lui permet de prédire l’avenir et la chute de l’empire galactique.
Si la science-fiction du XIXe siècle présentait les nouvelles technologies sous un jour presque idéaliste (pensons aux œuvres de Jules Verne), un glissement s’est opéré depuis et le lecteur s’attend aujourd’hui à contempler les effets pervers (ou carrément négatifs) de ces avancées.
Lexique inventé
Ces savoirs inventés sont l’occasion pour l’auteur d’élaborer, au cœur de l’œuvre, un lexique unique, composé de néologismes qui confèrent encore plus d’unicité à l’univers fictif. Cet usage d’une langue fictive, mais d’apparence crédible, contribue à renforcer l’illusion de réel mentionnée plus tôt.
La trois-délévision, dans Mars & Avril, est un assemblage de «trois dimensions» et «télévision»; le lecteur comprend donc, sans plus d’explication, que la télévision telle que nous la connaissons est fort différente dans cet univers futuriste.
L’importance du didactisme dans la science-fiction
L’auteur doit accompagner le lecteur tout au fil du récit, pour lui présenter les éléments de l’univers de science-fiction qui échappent aux référents du réel, du quotidien. D’où une forte présence du didactisme dans la science-fiction classique.
Il peut s’agir d’une figure érudite (professeur, scientifique, historien) que le protagoniste principal croise et qui explique le fonctionnement d’un élément incongru (une machine à voyager dans le temps, par exemple). Le narrateur peut aussi découvrir des articles de journaux ou des archives issus de l’univers fictif qui justifient l’état du monde dans lequel il se trouve, par rapport au nôtre.
Le didactisme est l’un des outils essentiels pour améliorer la cohérence du récit de science-fiction. Il faut toutefois veiller à ne pas en abuser, car tout n’a pas besoin d’être dit!
Des thématiques récurrentes et universelles
Est-ce parce que la science-fiction est considérée par l’institution littéraire comme un genre populaire qu’elle manque de profondeur? Pas du tout! La science-fiction permet au lecteur de prendre du recul par rapport aux questions existentielles (comme la valeur de la vie et de la mort dans Le projet Éternité) et de les envisager sous un jour nouveau.
La science-fiction permet aussi de mettre en scène et de discuter d’enjeux sociaux primordiaux, comme le traitement dégradant que subissent les femmes dans La Servante écarlate de Margaret Atwood. On y réfléchit aussi souvent aux conséquences d’une organisation alternative de la société, comme c’est le cas dans Chroniques du Pays des Mères d’Élisabeth Vonarburg.
Un protagoniste impliqué, de l’action à volonté
Dans un récit de science-fiction, le protagoniste principal se confronte à une ou plusieurs composantes de l’univers alternatif qui est le sien. Qu’il se révolte contre la structure de ce monde (comme Winston Smith dans 1984 de George Orwell) ou parce qu’il fait les frais de ses particularités, sans rien pouvoir y changer (c’est le cas d’Indriði qui se voit retirer le droit d’aimer sa copine par une multinationale, dans LoveStar de Andri Snaer Magnason), le héros n’est jamais passif. Dans Mars & Avril, Jacob Obus se rendra sur Mars afin de sauver Avril, téléportée par accident sur la planète rouge.
Il n’est pas rare que les péripéties soient d’ordre psychologique et intérieur, et pas seulement physique. Dans Station Eleven d’Emily St. John Mandel, Jeevan remet en question sa carrière de paparazzi et souhaite se rendre utile à la société en suivant une formation de secouriste. Après la pandémie et l’effondrement de la société, il deviendra le médecin d’un important groupe de réfugiés. Il trouve donc un sens à sa vie. Dans ces cas, ce sont les valeurs morales qui distinguent le protagoniste, plus que ses prouesses martiales ou intellectuelles.
Tous ces éléments ne sont évidemment pas des absolus. Ils varient selon les multiples sous-genres de la science-fiction qui ont vu le jour à travers le temps. Il importe toutefois que l’auteur, qui aspire à écrire une œuvre de science-fiction, maîtrise ces quelques codes afin de les adapter habilement et ainsi créer un récit qui se distingue. Comme pour tout projet d’écriture, cela demande du temps et de l’engagement!
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