L’une des fonctions de la littérature est de divertir son public. Afin de parvenir à le transporter dans l’univers qu’il construit, l’auteur devra notamment être en mesure de lui faire vivre des émotions. Ce plaisir momentané se traduira entre autres par l’amusement du lecteur. En ce sens, l’humour et l’ironie présents dans plusieurs œuvres contribuent à bonifier son expérience de lecture. Or, il convient pour l’auteur d’en comprendre les rouages et de les distinguer pour les utiliser à bon escient.

L’humour : une définition

Le propre de l’humour consiste à faire ressurgir le caractère ridicule, étrange ou illogique de différents aspects de la vie par le biais de la plaisanterie. Cette forme d’esprit permet davantage de rendre dérisoire une situation difficile ou d’en atténuer un manque. Son objectif vise surtout à surprendre pour mieux accepter, voire tolérer, une condition incontrôlable. D’autres fois, il pointera des événements du quotidien déjà cocasses pour les mettre en relief.

La place de l’humour en littérature 

En littérature, l’auteur pourra recourir à des figures de style d’amplification ou d’insistance (par exemple : la répétition, l’accumulation ou l’hyperbole) pour faire rire, mais aussi à des figures d’analogie ou de ressemblance (c’est-à-dire, la comparaison, la métaphore ou la personnification). Il conviendra également de savoir créer des comiques de situation, soit des maladresses ou des malentendus qui génèrent des situations cocasses.

Exemple de comique de situation :

« Juste comme mon doigt s’apprête à toucher la sonnette, la porte s’ouvre d’un coup […] je pourrais pas expliquer quel genre de bulle me passe au cerveau, mais on dirait que je me sens obligé de justifier pourquoi j’ai la main dans les airs et je décide de lui faire un méga highfive… »

Premier rendez-vous : 1 : Le pire meilleur ami, Alexandra Larochelle et Louis Patalano, Éditions Michel Quintin.

Concevoir des changements de rythme soudain ou jouer habilement sur l’incongruité pourra aussi offrir ce type de légèreté à un texte. Dans tous les cas, l’humour se montrera efficace dans l’effet de surprise.

Pourquoi utiliser l’humour en littérature

Le lecteur trouvera dans l’aspect humoristique d’un livre une manière de se détendre. D’ailleurs, il importe de savoir que le rire provoque une sécrétion d’endorphines (hormone du plaisir) et viendra par voie de conséquence répondre à un besoin de calme et développer la sensation de bonheur. Une dimension qui peut se révéler intéressante à exploiter pour, par exemple, relâcher un peu de tension lors d’une scène intense.

L’ironie ne générera pas le même effet sur le lecteur, puisque son regard s’oriente sous le couvert de la critique plutôt que sous celui du lâcher-prise.

L’ironie : une définition

Il s’agit d’une forme d’esprit qui viendra par le biais de la moquerie dire le contraire de ce que l’auteur souhaite exprimer. Cette opposition permet de faire ressurgir une réalité cruelle de ce qui se révélait attendu.

Exemple :

« La bombe l’a presque coupé en deux. Tout en vomissant […]

— Pas beau, hein ?

Le petit flic me gratifie d’un gentil sourire. […]

— Pas très, non.

Il hoche la tête et dit :

— Eh bien les suicidés du métro, c’est pire !

(Voilà qui est réconfortant…) »

Au bonheur des ogres de Daniel Pennac, Éditions Gallimard, p.20

Selon la formulation, l’ironie sera aussi caractérisée par son aspect cinglant ou amer et pourra aller jusqu’à soulever une polémique. Il conviendra évidemment de le développer en conséquence pour y parvenir.

La place de l’ironie en littérature

Dans l’écriture, l’auteur pourra notamment mettre ce décalage en valeur par l’intermédiaire des procédés littéraires comme l’antiphrase (voir le sarcasme), l’hyperbole (exagération) ou la litote (ex. : « Il n’est pas laid » pour dire beau). Il conviendra aussi d’utiliser un champ lexical inadapté à son propos, c’est-à-dire que le lecteur pourra découvrir à travers les mots utilisés un ton plus cynique, voire sarcastique.

Par exemple, le personnage de Malaussène dans l’extrait suivant vient de subir une rencontre particulièrement désagréable avec son employeur. Il partage son sentiment d’irritation en utilisant un vocabulaire contraire à sa pensée suscitant la sympathie chez le lecteur :

« L’entretien est clos. [Malaussène se sent bâillonné] Il est beau, Sinclair. Il est tout jeune, il est efficace,[Son patron manipule la vérité et joue avec l’image] il est vieux comme le monde. »

Au bonheur des ogres de Daniel Pennac, Éditions Gallimard, p.103

Pour la positionner adéquatement, il faudra y reconnaître un énonciateur (ex.: Malaussène), une cible (ex.: l’employeur, Sinclair) et des témoins. Le protagoniste devra livrer son message (énonciateur) de manière à attaquer un sujet clair (cible). Ce faisant, il pourra créer une connivence avec son lecteur (témoin). La complicité dans l’exemple provient du fait que le lecteur a forcément déjà vécu des expériences similaires au personnage. 

Pourquoi utiliser l’ironie en littérature

Retrouver ce trait railleur dans un récit offrira une portée particulière au sujet, puisque l’auteur pourra tisser un lien entre le protagoniste et son lecteur. Cette complicité se développera dans l’entendement commun du sujet donné. Jouer sur l’illusion de la vérité viendra également stimuler l’esprit. Le procédé permettra de dénoncer, voire de critiquer, une situation ou un tiers en amenant autrui à y réfléchir.

L’ironie se distingue donc de l’humour par son effet caustique et trouve son origine dans le sentiment de contrariété plutôt que dans l’acceptation.

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