L’une des premières décisions d’un écrivain concerne la manière de raconter son histoire. Cela peut sembler banal en soi, ou évident, mais le choix de la narration aura un impact majeur sur la façon dont l’histoire sera transmise et reçue. L’utilisation de la première personne ne date pas d’hier en écriture, par contre on voit récemment une prolifération de ce type de narration. Qu’il soit question d’un texte à saveur autobiographique ou plutôt d’un roman avec un narrateur-personnage principal, il existe plusieurs aspects à considérer avant d’opter pour la narration au «je». Voici quelques avantages et inconvénients d’employer la première personne dans vos écrits.
Qu’est-ce que l’écriture au «je» ?
Lorsqu’on parle de l’écriture au «je», on fait référence à un narrateur qui agit bien souvent à titre de personnage principal. Le site Allô Prof en fait une bonne définition :
«Il est un personnage de l’histoire et on dit alors qu’il est présent. Le narrateur personnage principal ne peut pas savoir avec certitude ce qui se passe dans l’esprit des autres personnages. Aussi appelé narrateur héros, le narrateur personnage principal raconte sa propre histoire puisqu’il est le personnage principal du récit. La narration est donc à la 1re personne (je, me, moi, mon, mes, nous, etc.).»
Les avantages de l’écriture à la première personne
Un des avantages principaux de la narration au «je» est qu’elle permet au lecteur de se sentir immergé, en cohésion avec le narrateur principal. Une intimité entre le narrateur et le lecteur se crée au fil des pages.
Élisabeth Vonarburg, écrivaine et auteure du livre Comment écrire des histoires, a accepté de se prononcer sur le pour et le contre de l’écriture au «je». Pour les avantages, elle mentionne ceci :
«Un JE au présent (en prise directe) peut faciliter l’identification du lecteur au personnage; c’est toujours un narrateur non fiable parce qu’ignorant (JE ne sais pas tout, on apprend en même temps que le personnage), mais ce JE est moins suspect de manipulation que le JE au passé, qui a eu le temps d’arranger le récit à sa convenance et qui est non fiable parce que capable de mentir délibérément.»
Un autre aspect de l’écriture à la première personne est qu’elle est biaisée. Ceci peut être en soi un avantage et un inconvénient. Certes, certains lecteurs aiment avoir toutes les informations, mais le processus d’accompagner une personne dans sa compréhension (véritable ou fausse) d’une situation fait de la lecture d’une histoire au «je» une lecture engagée, où le lecteur a l’impression d’être aux côtés d’une personne qu’il connaît bien, d’être impliqué dans le récit.
Beaucoup d’auteurs de littérature jeunesse se rallient à l’écriture au «je» justement parce que cela offre au lecteur le sentiment d’être partie prenante de l’histoire qu’il est en train de lire.
Les inconvénients et les risques de l’écriture à la première personne
Comme mentionné plus haut, l’écriture au «je» est forcément biaisée. Puisque l’on vit dans la tête du personnage principal et que l’on connaît seulement ses pensées, ses émotions et ses perceptions, il va sans dire qu’en tant que lecteur, nous n’avons jamais le portrait complet de ce qui se passe dans le roman.
«Les inconvénients du JE sont plus nombreux que ses avantages, quel que soit le temps de narration. Bien manié — avec de l’expérience, je veux dire —, on peut en tirer d’excellents effets. Mais en général, et malheureusement, ce sont les débutants qui se jettent dans le JE… La règle générale pour les débutants, c’est qu’il n’y a pas de texte au JE qui ne soit amélioré de 50% (voire plus) en étant réécrit à la 3e personne.»
Un autre inconvénient de l’écriture au «je» est que le narrateur peut donner des informations non fiables sur lui-même, ce qui donne parfois lieu à des descriptions de personnages qui semblent forcées ou plaquées. Mme Vonarburg nous donne un exemple :
«Il y a plein d’informations que le JE au présent ne peut pas vraisemblablement donner, ou alors, avec des effets… particuliers : je passe ma main aux ongles élégamment ornés de demi-lunes argentées sur fond noir dans mes longs cheveux blonds et fins».
Oui je le veux ?
Qu’on choisisse de se lancer dans l’écriture au «je» ou à la troisième personne, une chose est certaine, il faut s’informer afin de bien choisir le type de narrateur de son récit. Connaître les avantages et les faiblesses d’une technique d’écriture peut permettre à l’écrivain de pallier certains de ses manques même au début du processus de création.
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