Vous souhaitez écrire de la littérature pour les préadolescents ? Les 10 conseils suivants vous permettront d’éviter les écueils que l’on rencontre le plus souvent dans les manuscrits destinés à ce lectorat.

Qu’est-ce que le lectorat préadolescent ?

En littérature jeunesse, le terme « préadolescent » désigne une catégorie de lecteurs et de lectrices utilisée, mais aussi en partie construite, par les éditeurs, les bibliothécaires et les libraires afin de segmenter une offre de lecture en fonction d’un public précis.

Si l’on définit généralement les « préadolescents » comme les enfants de 8 à 12 ans, il est toutefois nécessaire de reconnaître cette tranche d’âge comme poreuse et plus diverse qu’elle n’y paraît. En effet, le parcours de chaque lecteur est unique et façonné par plusieurs paramètres comme les expériences de lecture, les goûts littéraires, la scolarisation au primaire ou au secondaire, les différents degrés de maturité en termes de développement émotionnel et cognitif, etc.

Dans les grandes lignes, on peut donc considérer la littérature préadolescente comme une littérature protéiforme qui s’adresse à des lecteurs eux-mêmes en pleine évolution, tendant à s’éloigner de l’enfance pour se rapprocher de l’adolescence.

Conseil #1 – S’intéresser aux préadolescents d’aujourd’hui

Quand on souhaite s’adresser à une tranche d’âge en particulier, il est pertinent de connaître le lectorat en question. S’il n’y a pas de préadolescents dans notre entourage, il est toutefois possible de se renseigner sur les offres culturelles qui attirent les préadolescents (séries, cinéma, littérature, balado, influenceurs, jeux vidéo, musique…) pour savoir sur quoi porte leur intérêt.

Attention, toutefois, à la tentation de plaquer des références « jeunes », au risque de « sonner faux ». Connaître le bain culturel dans lequel sont plongés les préadolescents ne sera utile que si l’on peut s’en détacher pour faire émerger une voix authentique et singulière.

Conseil #2 – Éviter le ton moralisateur ou didactique

Pour un auteur, il convient de ne pas mettre une histoire au service d’une leçon qu’il voudrait donner au lectorat préadolescent (il est rare d’avoir de bons souvenirs de livres « donneurs de leçons » !).

L’histoire et son mécanisme priment sur les éventuels « enseignements » que l’auteur aurait à faire à son public.

Conseil #3 – Travailler la cohérence du ton

La recherche d’une belle unité et d’une cohérence solide de ton permettra d’éviter de constituer son manuscrit avec des éléments disparates, tantôt trop bébé, tantôt trop adulte.

Écrire en ayant à l’esprit de viser un lectorat légèrement plus âgé que celui auquel on s’adresse réellement peut favoriser les chances de « sonner juste » dans la mesure où le lecteur auquel on s’adresse évolue et s’interroge sur ce qui l’attend !

Conseil #4 – Ne pas sous-estimer l’intelligence des préadolescents

Il est important que l’intrigue ou que la structure d’ensemble soit suffisamment complexe pour soutenir l’intérêt d’un lectorat déjà habitué aux mécanismes scénaristiques par le biais de séries ou de jeux vidéo, par exemple.

Le lectorat préadolescent a largement la capacité cognitive pour reconstituer un fil d’événements vécus (même si ceux-ci ne sont pas racontés selon l’ordre chronologique) par un ou plusieurs personnages, à condition que l’intrigue soit bien ficelée et que les informations pertinentes soient révélées au moment opportun.

Conseil #5 – Rendre les personnages acteurs et actrices de l’histoire

Dans un récit, la présence d’un personnage qui n’a pas de prise sur l’histoire et qui est « baladé » de péripétie en péripétie peut poser question et nuire à l’adhésion du lecteur. En effet, il est important que chaque personnage ait un rôle à jouer dans l’histoire.

Un personnage principal actif, maître de ses choix, qui a une influence sur le cours des événements, qui poursuit une quête malgré les obstacles qui se dressent, donnera envie à un lecteur, à ce moment précis de son développement, de le suivre !

Conseil #6 – Faire attention aux préjugés et aux stéréotypes

Parfois, un texte peut véhiculer des stéréotypes sans que son auteur s’en rende compte. Or, des études montrent que stéréotypes et préjugés s’acquièrent à l’école primaire[1], d’où la nécessité d’y être particulièrement vigilant.

Pour l’auteur, cela nécessite une prise de recul ainsi qu’un questionnement honnête et constant sur son texte afin de s’assurer que celui-ci n’est pas le vecteur de stéréotypes de genre ou de préjugés racistes.

Conseil #7 – Travailler la cohérence des points de vue

Tout manuscrit génère sa propre logique interne relative à la présence d’un ou plusieurs point(s) de vue. Cette logique se crée généralement dans le premier tiers du manuscrit. Il est important de respecter la logique interne du système de points de vue afin d’éviter tout manque de cohérence.

Un auteur peut décider de faire explicitement varier les points de vue d’un personnage à l’autre dès le début de l’histoire ou, au contraire, de faire en sorte que le point de vue soit uniquement porté par un seul et même personnage tout au long du récit.

Conseil #8 – Faire attention aux effets de mode éditoriale

S’il est bon de connaitre les tendances éditoriales, il est vain de vouloir suivre une mode en se disant qu’elle est gage de qualité ou l’assurance d’être publié.

Ainsi, depuis une vingtaine d’années, les phénomènes éditoriaux en littérature jeunesse se sont beaucoup portés sur les séries littéraires. Il n’est pas interdit de développer mentalement une série en plusieurs tomes, mais si le rendez-vous entre le premier tome d’une série et son lectorat est manqué, l’aventure éditoriale n’ira peut-être même pas jusqu’à la publication d’un deuxième tome… d’où la nécessité de clore efficacement un premier tome.

Conseil #9 – S’intéresser aux politiques éditoriales des maisons d’édition

Qu’un auteur souhaite s’autopublier ou être publié par une maison d’édition, être attentif aux livres qui existent déjà s’avère très pertinent.

Consulter les catalogues des maisons d’édition jeunesse sur internet permet notamment d’éviter de proposer à une maison un texte qui ressemblerait déjà beaucoup à ce qui figure dans son catalogue… et c’est également très utile pour se démarquer, dans le cas d’une autopublication.

Conseil #10 – S’inspirer de différents supports 

Manga, poésie, roman graphique, théâtre, album, bande dessinée, documentaire, magazine… Le rayon préadolescent des bibliothèques pourrait certainement inspirer votre écriture, tant sur la forme que sur le fond.

Écrire pour les préadolescents peut prendre d’autres formes que le roman, tant les formats, les genres et les supports d’expression sont nombreux !

Aujourd’hui, la littérature pour préadolescents constitue un écosystème foisonnant auquel participent auteurs, éditeurs, bibliothécaires, libraires, animateurs, chercheurs, étudiants, journalistes, conteurs… et, bien sûr, les lecteurs eux-mêmes. Bénéficier des connaissances acquises dans ce domaine en sollicitant les conseils de lecture de la part de professionnels spécialisés, mais aussi des préadolescents eux-mêmes, vous permettra de nourrir et positionner votre proposition littéraire.

[1] https://naitreetgrandir.com/fr/etape/5-8-ans/comportement/fiche.aspx?doc=enfants-prejuges-racisme

N.B. Il est interdit de reproduire ce texte, en entier ou en partie, sans avoir obtenu notre autorisation.

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L’importance de comprendre son public cible en littérature jeunesse permet à l’auteur de s’adresser à celui-ci de manière appropriée. Que ce soit en regard de la longueur du texte, dans le choix des mots, des thèmes ou de l’aspect émotionnel de l’histoire, l’écriture destinée à ce lectorat comporte ses exigences particulières.

Votre livre jeunesse est-il pertinent, efficace et bien adapté à son lectorat? Obtenez à ce sujet l’avis d’un conseiller littéraire professionnel.

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