Les ritournelles ont d’abord vu le jour au courant du 17e siècle en Italie où certains compositeurs en créaient de petites de quelques mesures. Peu à peu, les comptines pour enfants se sont développées. Puis, de nombreux auteurs jeunesse se sont approprié ce procédé d’écriture pour colorer leur récit. Mais pourquoi cette pratique est-elle si courante dans les livres pour enfants ?

Qu’est-ce qu’une ritournelle ?

On peut parler de ritournelle lorsqu’un couplet est répété dans une chanson ou que le même passage se retrouve à plusieurs reprises tout au long d’un récit. Bien sûr, cette répétition se retrouve habituellement dans les albums illustrés pour un jeune public dont l’apprentissage de la lecture est en développement, comme pour les 0 à 5 ans, par exemple. C’est d’ailleurs une excellente porte d’entrée dans le monde de la littérature jeunesse. Les comptines sont aussi un très bon moyen de connecter avec l’enfant qui ne maîtrise pas encore bien le langage. L’important, c’est le moment réconfortant créé par ces ritournelles.

Dans les livres pour enfants, elles sont depuis toujours une bonne façon de contribuer au développement du vocabulaire chez les tout-petits. Pas d’inquiétudes à y avoir lorsqu’un enfant demande de lui raconter la même histoire, soir après soir. Au contraire, cette répétition apporte un sentiment de sécurité chez l’enfant et fait émerger chez lui des émotions positives.

Une étude de 2011 a même démontré que lire le même livre plusieurs fois permet à l’enfant de mieux retenir les mots de vocabulaire et leur signification que si ces mots sont racontés dans une autre histoire. Des chercheurs ont soutenu qu’entendre les mêmes histoires à multiples reprises aide probablement les enfants d’âge préscolaire à prédire ce qui va se passer ensuite. Les enfants apprennent en écoutant la même histoire, comme le démontre leur capacité à corriger leurs parents s’ils osent s’en éloigner lors de la lecture. Les éléments répétés dans une histoire servent non seulement à divertir les jeunes enfants, mais aussi à leur apprendre de nouveaux mots.

Des auteurs passés maîtres dans l’art de la ritournelle

L’album Ce n’est pas une bonne idée de Mo Willems utilise ce procédé, incitant alors les enfants à participer à l’histoire et à répéter cette fameuse phrase « Ce n’est pas une bonne idée » lorsque le renard tente par tous les moyens d’attirer une oie dans sa cuisine.

Stéphanie Blake a marqué l’imaginaire de plusieurs enfants (et de beaucoup de parents) avec son album Caca boudin qui raconte l’histoire d’un petit lapin qui ne sait dire qu’une seule chose : « Caca boudin ». Tout au long de l’album, le lapin ne cesse de répéter « Caca Boudin » et l’enfant le comprend vite et accompagne le lapin dans la répétition des mots. Il n’est pas rare de voir un enfant prendre le livre à la fin de la lecture et repasser l’histoire page par page en se fiant aux images pour se la raconter lui-même en n’oubliant pas le clou principal de celle-ci.

La célèbre comptine « Une souris verte » se retrouve aussi au cœur de l’album de l’auteur Denis Cauquetoux. Chanter avec un enfant attire immédiatement son attention et lui permet d’apprendre tout en s’amusant. Pensons simplement à la comptine utilisée à la garderie pour inciter les enfants à ranger leurs jouets. Chanter avec un enfant est un moment doux et de partage très rassurant pour les petits.

Les ritournelles, un problème de style ?

L’auteur doit par contre éviter le piège de confondre la ritournelle et les tics d’écriture qui consistent plutôt en une redondance dans le texte, un usage répété de certains mots ou de certaines classes de mots. Il s’agit d’un procédé d’écriture rigoureux qui joue un rôle important dans l’histoire alors qu’un tic est parfois inconscient et n’apporte rien de plus au récit.

Quand l’auteur choisit d’utiliser ce procédé dans son récit, l’élément répété est souvent relié au titre de l’album ou à une action en lien avec le personnage principal. La ritournelle est un ajout majeur au déroulement de l’histoire.

L’utilisation de la ritournelle possède une grande force et c’est celle de capter l’attention des petits lecteurs, de les faire participer à l’histoire et de créer un moment de réconfort. Elle apporte un côté amusant au récit tout en développant plusieurs capacités cognitives chez l’enfant. L’auteur doit donc s’assurer de bien doser son utilisation sans tomber dans l’excès. Gageons qu’après avoir raconté un livre contenant une ritournelle, le parent se surprendra à fredonner la comptine et à avoir déjà hâte de se faire demander la même histoire, encore une fois.

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roman jeunesse

L’importance de comprendre son public cible en littérature jeunesse permet à l’auteur de s’adresser à celui-ci de manière appropriée. Que ce soit en regard de la longueur du texte, dans le choix des mots, des thèmes ou de l’aspect émotionnel de l’histoire, l’écriture destinée à ce lectorat comporte ses exigences particulières.

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