Le temps du récit et le temps de la narration sont deux éléments fondamentaux de toute histoire. Bien que ces termes puissent sembler similaires, ils ont des significations différentes et peuvent avoir un impact important sur la façon dont une histoire est racontée. Si vous êtes un auteur qui souhaite améliorer sa maîtrise de la narration, il est important de comprendre la différence entre ces deux concepts qui permettent de créer au besoin certains décalages temporels.
Le temps du récit
Le temps du récit, aussi appelé parfois « temps de l’histoire », fait référence au moment où se déroule l’histoire sur la ligne du temps.
Cette histoire peut se dérouler dans le passé, le présent ou le futur.
- AVANT < Temps du récit (passé : en 1973) > APRÈS
- AVANT < Temps du récit (présent : « maintenant ») > APRÈS
- AVANT < Temps du récit (futur : en 2237) > APRÈS
Le temps de la narration
Le temps de la narration fait référence quant à lui au moment où l’histoire est racontée. Ce moment ne correspond pas toujours au moment où se déroule l’histoire.
Les différents temps de la narration :
1. La narration au présent :
L’histoire peut être racontée en même temps qu’elle se déroule. On utilise alors le système verbal du présent pour la narration afin de permettre au lecteur de vivre les événements « en temps réel ».
Exemple :
- Le temps du récit : présent
- Le temps de la narration : présent
AVANT < Temps du récit = Temps de la narration (en « temps réel ») > APRÈS le récit
« Je suis en train de courir dans les bois. J’entends des bruits étranges derrière moi et je sais que je suis poursuivi. Soudain, j’aperçois une cabane et je me précipite à l’intérieur. »
Dans cet exemple, l’auteur utilise le présent pour décrire l’action qui se déroule (temps du récit) en temps réel et utilise aussi, logiquement, le présent pour raconter l’histoire (temps de la narration). Ici, donc, le temps du récit et le temps de la narration concordent sur la ligne du temps.
2. La narration au passé :
L’histoire peut être racontée avec un décalage plus ou moins important dans le temps. On peut en effet raconter des événements qui se sont déroulés quelques jours, quelques mois, sinon quelques années, voire des siècles plus tôt. On utilise alors le système verbal du passé afin de faire saisir au lecteur la distance temporelle qui sépare le moment où l’histoire s’est déroulée et le moment où on se décide enfin à la raconter.
Exemple :
- Le temps du récit : passé
- Le temps de la narration : passé (et présent pour référer au présent du narrateur)
AVANT < Temps du récit (1973) > APRÈS (temps de la narration)
« Je me souviens du jour où j’ai rencontré mon meilleur ami. C’était en 1973. Nous étions à l’école primaire et nous avions immédiatement cliqué. Aujourd’hui, 50 ans plus tard, nous sommes toujours proches et nous avons traversé tellement de choses ensemble ! »
Dans cet exemple, l’auteur utilise le passé pour décrire l’événement (temps du récit) qui s’est produit dans le passé, mais utilise le présent qui correspond au moment où il prend la parole pour raconter l’histoire (temps de la narration).
Jouer avec la temporalité narrative
Il importe de savoir qu’une histoire qui s’est déroulée dans le passé peut bien sûr être racontée au passé, mais qu’elle peut aussi être racontée au présent !
En effet, il est possible de faire voyager le lecteur dans le temps pour lui donner l’impression qu’on est en 1973 et qu’il assiste aux événements « en temps réel ». Pour créer cette illusion, on utilise le système verbal du présent comme temps principal de la narration afin de faire concorder le temps du récit et celui de la narration.
Exemple
- Le temps du récit : passé
- Le temps de la narration : présent (pour créer l’illusion)
AVANT < Temps du récit (1968) en SIMULTANÉ (temps de la narration) > APRÈS
« Nous sommes en 1968. Nous déambulons dans les rues de Paris, manifestant contre le gouvernement et la guerre au Vietnam. Les rues sont bondées de gens qui crient des slogans et brandissent des pancartes. L’air est rempli de fumée et de gaz lacrymogène, mais nous sommes déterminés à faire entendre notre voix. »
De même, on peut créer ce genre d’illusion de présent pour une histoire qui se déroule dans le futur. C’est-à-dire qu’on peut encore une fois faire voyager le lecteur dans le temps et lui donner l’illusion que nous sommes présentement en 2237.
Exemple
- Le temps du récit : futur
- Le temps de la narration : présent (pour créer l’illusion)
AVANT < Temps du récit (2237) en « SIMULTANÉ » (temps de la narration) > APRÈS le récit
« Nous sommes en 2237. Les voitures volantes sont devenues courantes, les robots effectuent la plupart des tâches ménagères. Je me demande parfois si nous avons perdu quelque chose d’important en chemin, alors que nous continuons d’avancer dans ce monde en éternelle évolution. »
Et maintenant, peut-être serez-vous surpris d’apprendre qu’on peut aussi raconter au passé des événements qui se déroulent dans le futur ?
Exemple :
- Le temps du récit : futur
- Le temps de la narration : passé (pour créer l’illusion)
AVANT < Temps du récit (2237) > APRÈS le récit (temps de la narration) > et plus loin encore APRÈS
« En 2237, alors que j’étais âgé de 22 ans, j’ai vraiment compris à quel point les choses avaient changé. À cette époque, les voitures volantes étaient devenues courantes et les robots étaient utilisés pour effectuer la plupart des tâches ménagères. Les villes avaient été construites en hauteur, avec des gratte-ciel qui s’élevaient dans le ciel et des jardins suspendus qui flottaient dans l’air. »
En revanche, on pourrait plus difficilement raconter au futur une histoire qui se déroule dans le futur.
Exemple
« Ce sera en 2387. Je me lèverai le matin et j’irai travailler à l’institut. Je me rendrai au bureau en empruntant un détour à cause des travaux de réfection de la municipalité. L’automobile d’un abruti me coupera la route au moment où je tournerai le coin de la 1re avenue et je serai projeté par terre… » etc.
Bref, cela pourrait toujours se faire pour quelques lignes de texte, à la limite quelques paragraphes, mais… tout un roman écrit de la sorte !? Ce serait une lecture qui, sans doute, deviendrait rapidement insupportable…
En conclusion, comme vous avez pu le constater, la nuance est importante entre le temps du récit et le temps de la narration. Les deux peuvent être situés à des endroits différents, sur la ligne du temps, et il importe de ne pas les confondre et surtout de savoir en tirer profit pour bien maîtriser l’art de la narration.
N.B. Il est interdit de reproduire ce texte, en entier ou en partie, sans avoir obtenu notre autorisation.
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