Le biographe possède une place particulière au sein de l’écosystème littéraire. Sa matière première, la vie d’une personne, doit être traitée avec le plus grand des respects. Son rôle principal est de retracer et de documenter la vie ou certains moments de l’existence d’une personne en tentant d’en brosser un portrait cohérent et captivant, le tout en restant le plus près possible de la réalité. Mais comment devient-on biographe? Le pigeon décoiffé s’est entretenu avec Samuel Larochelle, un auteur, journaliste et biographe (entre autres!) qui prend ce rôle au sérieux.
Les qualités essentielles pour devenir biographe
Un bon biographe est d’entrée de jeu quelqu’un qui fait preuve d’une grande sensibilité, de beaucoup de curiosité et d’empathie. Il doit être capable de se mettre à la place de son sujet, de saisir ses émotions et son vécu afin d’en faire le récit de manière authentique. De fortes compétences en entrevue seront d’ailleurs un atout afin de mettre les personnes interviewées à l’aise et de savoir exactement comment aller chercher les informations nécessaires pour bien détailler le parcours de la personne biographiée.
Bien entendu, le biographe doit posséder des compétences rédactionnelles remarquables de manière à transformer les renseignements recueillis en prose qui saura transporter le lecteur.
Le biographe se doit aussi d’être objectif et intègre dans sa démarche puisqu’il doit être en mesure de traiter les informations amassées de manières justes et équitables. L’exercice d’écriture de la biographie doit reposer sur un lien de confiance très fort, que ce soit directement avec la personne-sujet, son entourage professionnel ou sa famille. Ce lien de confiance sera décisif pour la suite de la carrière du biographe puisque la réputation de celui-ci peut être un facteur important dans l’obtention de futurs contrats.
Les étapes pour devenir biographe
Comme souvent dans les métiers de l’écriture, il existe plusieurs parcours possibles pour devenir biographe. Une formation en journalisme, en histoire ou en littérature, permettra de développer votre capacité à raconter des histoires, à structurer des récits et à sélectionner les informations les plus pertinentes en maintenant un équilibre entre l’objectivité et l’empathie.
Le travail du biographe implique de mener des recherches approfondies, de rencontrer des proches et des collaborateurs de la personne concernée, et de recueillir des détails pertinents pour donner une vision complète et précise de la vie du sujet. Il pourrait être bénéfique de vous familiariser avec certaines techniques de collecte d’informations, d’entrevue et de vérification de faits.
Une expérience professionnelle en journalisme, en écriture ou en littérature, saura consolider vos compétences et faciliter la création de votre portfolio. Il appert important de souligner l’importance du réseau et du développement de contacts pour faire connaître son nom dans le milieu, de là la nécessité du portfolio. Cet outil peut témoigner du sérieux de votre démarche et de l’éthique de votre travail. Il se peut cependant qu’une personne décide de faire appel à un « ghostwriter » pour rédiger son récit de vie.
Le cheminement d’un biographe
Samuel Larochelle – crédit : Maxyme G. Delisle
Samuel Larochelle possède une formation en journalisme, métier qu’il a pratiqué durant plusieurs années. Il a entre autres publié des romans, des nouvelles et finalement des biographies, dont celle du chanteur Bruno Pelletier, du politicien François Gendron et de l’humoriste Peter Mac Loed. Il est aussi l’animateur du Balado littéraire de longues entrevues, Comme un livre ouvert, ainsi que conférencier. Les médias et l’écriture, il connaît!
Il précise que sa formation en journalisme l’a énormément aidé pour devenir biographe, puisque ce métier lie ses aptitudes de journaliste à celles de l’écriture. « Il faut savoir préparer les entrevues, mettre en confiance la personne pour obtenir du matériel que la personne n’a pas déjà dit au cours des 20 ou 40 années de carrière, qui l’ont rendue présente dans les médias. » Par la suite vient l’étape de la transcription des entrevues, tâche qu’il délègue maintenant.
Là où l’écrivain intervient, c’est lors de la rédaction même de la biographie. Il faut savoir structurer l’histoire, choisir les détails importants à relater, avoir du souffle pour garder le lecteur ou la lectrice captivé.e sur plusieurs centaines de pages. « Ma capacité à me mettre dans la peau des personnages lorsque je fais de la fiction m’aide, je crois, à me mettre dans la peau de la personne biographiée. » Il mentionne qu’il fera valider chaque chapitre par la personne biographiée, et qu’il s’abstiendra par la suite de l’interviewer en tant que journaliste.
Samuel Larochelle souligne que le lien de confiance qui lie la personne-sujet à son biographe s’avère primordial à l’exécution du projet. Il mentionne aussi la nécessité de signer un contrat avec une maison d’édition avant de se lancer et d’établir clairement la répartition des droits d’auteur. Ces aspects légaux ne sont pas à négliger pour le bon fonctionnement de l’entreprise.
Selon lui, la biographie permet d’aller beaucoup plus en profondeur que les entretiens télé ou à la radio, et rejoint un public différent que ces deux canaux, d’où sa présence toujours légitime. Cependant, au cours des dernières années, le genre a un peu perdu de son lustre dû à la multiplication des titres du genre qui auraient mérité un travail plus substantiel. N’en reste pas moins que ce genre littéraire compte de nombreux adeptes au sein du lectorat et propose un défi exaltant aux écrivains qui s’y collent.
Le métier de biographe n’en est pas un qui se maîtrise du jour au lendemain. Si cette voie vous intéresse, gardez en tête que votre éthique de travail devra être irréprochable et que vous devez être prêts à développer un lien durable de confiance avec la personne biographiée ou son entourage. Travaillez fort sur vos compétences rédactionnelles, et faites-vous connaître dans le milieu éditorial à l’aide d’un portfolio bien étoffé. Votre réputation vous précède, prenez bien soin d’elle!
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